Gérer son budget - Les bons plans du budget – N° 5 : garder la motivation

Publié le par Wonder Lisette

Jusqu'ici, on a planché très studieusement. Rappel des 4 premiers bons plans du budget : la gestion du calendrier, garder le contrôle, se fixer des objectifs et choisir les priorités. Si on réussit tout ça, il ne reste plus qu'une seule chose à faire : c'est de garder le cap.

Oooh ! Je sais qu'il y en a qui sont sur les startings blocks, prêts à couiner comme des lapins que c'est la galère de calculer sans cesse, que personne ne peut vivre en se serrant continuellement la ceinture, qu'il vaut mieux profiter de ce qu'on a aujourd'hui parce qu'on ne sait jamais de quoi demain sera fait, etc.

Les mauvaises bonnes excuses sont faites pour qu'on s'en serve, n'est-ce pas ?  Garder sa motivation ce n'est pourtant pas bien compliqué. Et si on applique quelques Wonder Trucs, c'est vraiment un jeu d'enfant.

Mais tout d'abord, je vais expliquer pourquoi on craque sur la durée. Pourquoi, après avoir passé quinze jours sans faute dans son budget, on baisse les bras petit à petit et que finalement on abandonne. Et pourquoi on en revient à ses sales vieilles mauvaises habitudes.

« OUIII ! POURQUOI ???!!! »  que vous allez couiner. C'est très simple : parce qu'on a oublié le principal élément du budget. Et cet élément central, c'est soi-même.

Ben oui, c'est très bête mais c'est ainsi. Le budget peut être parfait, comme un magnifique jet privé. Mais sans pilote, à quoi ça sert ? Avant de tenir son budget, il faut s'assurer qu'on est soi-même opérationnel. On peut échouer assez rapidement : c'est parce qu'on ne s'est pas assez occupé de soi pendant qu'on s'occupait du budget.

Un peu comme pour les régimes amaigrissants. On commence toujours tambour battant, en se serrant la ceinture. Et au bout de trois jours de tisanes et de bouillon à l'eau, on craque lamentablement pour un énorme plat de pâtes en sauce. Alors que si on avait continué de manger à sa faim et selon ses goûts, en réduisant un petit peu les limonades et les desserts et en allant marcher une heure tous les jours, au bout d'une semaine on aurait déjà perdu un kilo.

Pour le budget, pareil. C'est totalement idiot de se priver de tout. Même si on a un gros découvert et plein de dettes : personne ne peut vivre comme un esclave, sans jamais un petit plaisir pour se faire du bien au moral. Bien sûr, en cas de très gros problèmes de finances, il faut parfois donner un énorme coup de collier au début. Mais sur la durée, il faut doser ses efforts. Sinon, on s'épuise dès le départ.

Je me doute bien qu'il y a des couineurs professionnels qui vont râler. « Des petits plaisirs ? Ben si on peut rien dépenser parce qu'on n'a pas de sous, on fait comment pour se les offrir ?!!! »  qu'ils vont couiner, les couineurs.

C'est là que les Wonder Bons Trucs entrent en scène. Il y en a trois et je les ai tous testés moi-même. Résultats garantis.

1. Respecter ses valeurs :

« C'est quoi, les valeurs ? »  que vous allez demander. Excellente question. Les valeurs, ça n'a pas forcément de rapport avec le budget. Exemple classique : la religion. La religion fait partie des valeurs mais ça n'a évidemment ni prix ni date de péremption. Les valeurs ne sont pas des marchandises qu'on peut acheter ou des produits qu'on peut consommer. Les valeurs nous donnent notre identité : c'est grâce à nos valeurs que nous sommes ce que nous sommes.

Quand on suit ses valeurs, on peut aussi être amené à consommer des produits ou à acheter des marchandises. Exemple classique : quand on est écologiste, on va défendre la filière bio et n'acheter que des bananes sans pesticide et du soja non modifié génétiquement. C'est plus cher, mais on croit à la cause écologiste et donc on met la main au portefeuille.

Autre exemple : quand on est sportif dans l'âme, on va choisir du matériel de marque et s'acheter ce qu'il y a de meilleur. C'est plus cher mais la performance est au rendez-vous. Alors on met la main au portefeuille.

Ces deux exemples ne sont ni bons ni mauvais : ce sont juste les choix qu'on fait parce qu'on suit ses propres valeurs.

Jusque-là c'est assez simple : les choix qu'on fait parlent de ce qu'on est. Mais là où ça se complique, c'est quand on perd de vue qui on est vraiment.

C'est parfois très difficile de rester soi-même. La pub, la télé, les modes, les gens qu'on fréquente, la ville où on habite peuvent nous influencer sans qu'on s'en rende tout à fait compte. Exemple : si tout le monde se met à utiliser un téléphone portable et un ordinateur, on se sent très vite obligé de faire pareil.

C'est l'instinct grégaire. « Hein ? Le quoi ?! »  que vous allez couiner. L'instinct grégaire : le fait de suivre le troupeau. On n'a peut-être pas du tout besoin d'un téléphone portable ni d'un ordinateur, dans le fond. Mais on les achète pour suivre le mouvement.


Idéalement, il faudrait se poser la question des valeurs pour chaque poste du budget. Et même, pour chaque dépense. Des questions du style :  « Est-ce que c'est vraiment ce qu'il me faut ? » Ou : « Ai-je vraiment envie d'acheter ça ? ». Et quand on se répond, ne pas se contenter de dire oui ou non. Ce serait trop simple. Il faut s'expliquer pourquoi oui ou pourquoi non.

Premier exemple : « Est-ce que j'ai vraiment besoin de partir en vacances de rêve à Cuba ? -> Oui, parce que voyager c'est ma passion. Je rêve depuis dix ans de découvrir ce pays pour sa culture, ses habitants et ses paysages. Et je ferai un film pendant le voyage, pour que tout le monde sache à quel point Cuba est une île géniale ! ». C'est une bonne réponse. On respecte ses valeurs.

Deuxième exemple : « Ai-je vraiment besoin de partir en vacances de rêve à Cuba ? -> Oui, parce que si je pars dans le Jura tous mes collègues vont se payer ma tête en me traitant de gros plouc ». C'est une mauvaise réponse. On ne respecte pas ses valeurs. On se plie aux valeurs des autres.

Troisième exemple : « Ai-je vraiment besoin de partir en vacances de rêve à Cuba ? -> Oui, parce que je vais revenir tout bronzé de Cuba et mettre la honte à tous mes collègues qui passent des vacances de plouc dans le Jura  ». C'est une très mauvaise réponse. On ne respecte aucune valeur. On insulte grossièrement les valeurs des autres.

Vous saisissez l'idée. Si on ne respecte pas ses valeurs, il est impossible de garder sa motivation. Pour reprendre les trois exemples, voyons ce qui se passe au niveau du budget.

Dans le premier exemple, on va s'accrocher parce que le projet de vacances a d'excellentes raisons d'exister. Et une fois qu'on l'aura réalisé, il en restera de très bonnes choses. On sera plus cultivé. On aura rencontré des cubains et peut-être noué des contacts très riches. On va réaliser un film. Ou un reportage photo. Ou un blog pour partager son expérience avec d'autres voyageurs / amis / internautes. Il y a une valeur ajoutée au projet.

Dans le deuxième exemple, on va peut-être économiser et partir à Cuba. Mais on passera toutes les vacances à se demander ce qu'on doit faire pour épater la galerie au retour. On ne profitera donc pas vraiment du séjour. Ce sont des vacances en toc, au fond : on n'en ramènera rien pour soi-même. Aucune valeur ajoutée, dans ce cas de figure. C'est plutôt de la valeur retirée : on n'a rien vécu pour soi. Seul le futur regard des autres a compté.

Dans le troisième exemple, on ne prendra peut-être même pas la peine de mettre de côté pour partir. Le mépris est un très mauvais carburant. Dans un état d'esprit aussi malsain, il y a de gros risques qu'on choisisse la facilité et qu'on prenne un tour opérateur qui accepte les paiements à crédit. Tout ce qu'on aura gagné, c'est de passer pour un sale snob prétentieux aux yeux des personnes qu'on a insultées. Il n'y a pas de valeur ajoutée. C'est de la perte ajoutée.

La valeur ajoutée, vous l'aurez compris, ça ne se mesure pas en sous dans le budget. La valeur ajoutée, ce sont les points de bonus : expérience humaine inoubliable, émotion du public qui verra le film ou qui lira le blog, connaissances retirées du voyage, etc.

Cette valeur ajoutée c'est l'énergie qui permet de garder sa motivation. On sait qu'au bout des efforts, il y aura une formidable récompense : vivre l'aventure dont on a toujours rêvé.

2. Développer son savoir-faire :

Ce point-ci est CAPITAL. Consommer toujours plus, dépenser tout ce qu'on gagne pour acheter des tas de choses qu'on va jeter ensuite, ça ne rend PERSONNE heureux. Mais ça donne l'illusion qu'on possède des richesses. C'est une façon très rapide et très facile d'avoir la même chose que le voisin. Même s'il faut faire des dettes pour rester dans la course.

Au fond, c'est un piège. Et il n'y a pas 36 façons de s'en sortir. En fait, il n'y en a qu'une : c'est d'apprendre à fabriquer soi-même ce dont on a envie. Je vais donner un exemple personnel, une fois n'est pas coutume.

Quand j'ai commencé à gagner ma vie, mon salaire n'était pas bien lourd. J'avais pourtant envie de choses très belles et très chères : un intérieur dix-huitième siècle, des oeuvres d'art, une collection de livres anciens, etc. Mais je n'avais absolument pas les sous pour les acheter. J'ai donc pris le temps de me demander POURQUOI je voulais ces belles choses très chères. Et ensuite, j'ai essayé de voir COMMENT je pourrais les obtenir. Finalement, la seule solution que j'ai trouvée c'est d'essayer d'en faire certaines par moi-même. Et c'est là que j'ai commencé à coudre et à broder.

Bien des années ont passé et je n'ai pas la moitié du millième des choses dont je rêvais au départ. Mon salaire a bien sûr beaucoup augmenté mais c'est toujours très insuffisant pour m'offrir un tel luxe. Sans doute ne sera-t-il jamais possible d'atteindre des objectifs aussi élevés. Mais ce n'est pas grave. Je sais désormais ce que coûtent les tentures de soie brodées d'or. Non seulement une fortune à l'achat, mais en plus des années de travail et de passion. Je sais ce qu'il en a coûté aux artisans qui ont fabriqué les meubles anciens devant lesquels je bave lors des salons d'antiquités internationaux. Toute une vie de travail, commencée à six ans par un dur apprentissage chez un patron et terminée à soixante avec une maîtrise parfaite de leur métier.

Créer et fabriquer ses vêtements, ses meubles, ses cosmétiques ou ses jouets, c'est la plus belle activité humaine qui soit. Pour y arriver, il faut du temps et de la patience. Mais c'est tout bénéfice pour le budget. Et surtout pour soi. Rien de tel que de coudre une robe pour bien comprendre sa valeur. Quand on a passé des heures à suer sur une manche drapée, on sait ce que ça coûte en vrai : pas 100 €, mais 100 heures de travail. On prendra bien soin de cette robe. Au lieu de la mettre rapidement au rebut (comme une simple robe de 100 € achetée avec une carte de crédit), on va essayer de la garder le plus longtemps possible. Et lorsqu'elle sera trop usée, on la transformera en autre chose parce qu'on aura du mal à s'en séparer.

La valeur des choses ne doit pas se mesurer en argent mais en temps d'une vie humaine. Les marchandises qui contiennent peu de passion et de savoir-faire ne valent rien. Et en plus, on s'endette souvent pour les acheter : c'est un comble !

3. Mettre son plaisir au pouvoir :

Quand on gère son budget, on a souvent tendance à être beaucoup trop sévère avec soi-même. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est ainsi : la plupart des gens associent le budget à une punition. Si ce n'est pas désagréable, si ça ne fait pas un peu mal, alors ça ne sert à rien. C'est une idée fausse, évidemment !

Gérer et contrôler un budget doit justement permettre d'avoir une vie meilleure et plus agréable. À quoi ça servirait de mettre tout ça en place si c'est pour n'en retirer que du négatif ? Et à quoi ça rime d'aligner les économies sur un compte d'épargne sans jamais rien en faire ? « Ben, à rien » , que vous répondrez. Bien vu.

Sur la longueur, garder sa motivation n'est possible que si on trouve du plaisir à ce qu'on fait. Ça vaut pour le métier, ça vaut pour la vie à deux et ça vaut aussi pour le budget. Le plaisir est un carburant très puissant chez les humains : c'est souvent par là qu'on les attrape (voir la publicité dans les ennemis du budget). Sans plaisir, zéro motivation. Quand on est aux études, si on n'aime pas ses cours on décroche. Quand on est marié/e, si on n'aime pas sa moitié on divorce. Et quand on travaille, si on n'aime pas son boulot le quitte. C'est aussi simple que ça.

Pour le budget, c'est exactement le même principe. Quand on gère ses sous, il faut absolument que ça rapporte aussi du plaisir. La meilleure façon de trouver la motivation de mettre un budget en place et de le gérer, c'est donc de mettre son plaisir au pouvoir.

Qu'est-ce que ça veut dire ? Tout simplement que si on veut trouver un équilibre financier, il faut d'abord avoir une très bonne raison de faire les sacrifices qui s'imposent. Comme pour un régime : personne n'a envie d'être privé de dessert Mais si c'est pour retrouver une belle ligne par coquetterie, alors là c'est tout de suite beaucoup plus motivant.

Personne n'a envie de gratter les sous. Mais si c'est dans le but de s'offrir des vacances de rêve à Cuba...  Vous voyez le principe.

Mais attention ! Mettre son plaisir au pouvoir ne veut pas dire qu'on va faire tourner le budget autour du plaisir. Pas question de négliger les dépenses fixes pour mettre le paquet dans les vacances à Cuba. La priorité reste toujours l'équilibre et le paiement des factures et/ou des dettes. Mais cette priorité n'est pas vraiment une fin en soi : c'est un simple outil. Contrôler les dépenses permet de mettre des sous de côté pour Cuba. S'il n'y avait pas les vacances de rêve à la clé, contrôler les dépenses n'aurait aucun intérêt. Sauf peut-être pour un radin pathologique.

Alors bien sûr, pour mettre son plaisir au pouvoir il faut savoir ce qui nous fait plaisir. On peut s'imaginer que ce sont des vacances de rêve à Cuba. Mais il se peut qu'on se trompe lourdement.

Le plaisir, c'est avant tout au quotidien qu'on le vit. Comment on le repère ? Un truc que j'utilise souvent, c'est de faire le compte au bout de la semaine. Je me pose la question : « qu'est-ce qui m'a fait vraiment plaisir cette semaine ? ». Puis, je réponds quoi et pourquoi.

Exemple :


Question : « Qu'est-ce qui m'a fait vraiment plaisir cette semaine ? »
Réponses :
1. Voir mes vieux amis jeudi dernier : ça m'a donné plein d'énergie et de bonne humeur.
2. Regarder les narcisses sortir dans le jardin : j'ai pensé que mon père aurait aimé voir ça et je me suis souvenue comme il était heureux quand il jardinait.
3. Finir de réinstaller mon vieil ordinateur : j'étais toute contente d'avoir enfin la possibilité d'écrire aussi les week-ends.
4. Retourner dans ma parfumerie habituelle (où je n'avais plus mis les pieds depuis deux ans), bavarder avec une des vendeuses que j'apprécie beaucoup et m'offrir un savon de chez Roger et Gallet : ça m'a rappelé le bon vieux temps et j'étais très heureuse d'avoir de bonnes nouvelles de leur petite équipe.
5. Aller manger un snack avec mon Wonder Mari chez notre pâtissier préféré et pouvoir s'asseoir à la meilleure table : les choses simples me rassurent.

Au niveau du budget, si on fait le total :

1. Néant
2. Néant
3. Néant
4. 4,50 €
5. 15 €

Soit 19,50 €. C'était une semaine faste ! Il n'est pas rare que je passe toute une semaine sans dépenser un centime. Pas que je fasse attention : je n'y pense même pas. Pour moi c'est très simple : le plaisir, c'est comme le bonheur. On ne peut pas l'acheter.

Bon, je pense qu'on a fait le tour des principaux bons plans et mauvais plans du budget. On va maintenant se pencher sur un grand problème : comment trouver des sous.

Wonder Lisette.

Publié dans Gérer son budget

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P
<br /> cet article est trés motivant!! je commence à comprendre pourquoi de temps en temps, j'aurais tendance à "craquer"...<br /> <br /> <br />
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W
<br /> Hé Petite Soeur ! Bienvenue à toi On craque toutes et tous pour quelque chose tu sais (moi ce serait plutôt pour les<br /> bonnes choses, en fait )<br /> <br /> L'important, c'est de craquer parfois et pas toujours : c'est la différence entre " Wonder Lisette" et<br /> "Over-sized Lisette" <br /> <br /> Bonne lecture,<br /> <br /> Wonder Lisette<br /> <br /> <br />
H
<br /> Excellent article et blog ! Je continuerai à lire tes conseils avec plaisir !<br /> <br /> <br />
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W
<br /> Merci Hélène ! Et bienvenue sur Abracad'Argent. <br /> <br /> Wonder Lisette<br /> <br /> <br />
9
<br /> J'ai bien aimé l'exemple sur les vacances à Cuba. Du coup, cet été je vais peut être explorer la France ;-)<br /> <br /> Pour la gestion du budget en ligne, j'ai fait un logiciel (gratuit) qui permet de prévoir son solde plusieurs mois à l'avance, et donc de traquer les dépenses et dégager de l'épargne:<br /> http://chest.99monkeys.com/?locale=fr<br /> <br /> C'est très simple d'emploi, surtout avec un petit guide de prise en main :<br /> http://compte-facile.blogspot.com/2009/11/gerer-son-budget-en-ligne.html<br /> <br /> <br />
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W
<br /> Merci 99monkeys pour ce lien et bienvenue sur Abracad'Argent<br /> <br /> Le logiciel est vraiment tout simple, très clair et c'est en français. Il faut juste préciser qu'il faut créer un compte pour l'utiliser.<br /> <br /> A très bientôt,<br /> <br /> Wonder Lisette<br /> <br /> <br />