Gérer son budget - Savez-vous planter les sous ? 4. Devenir riche à l'école

Publié le par Wonder Lisette

Bien. On a vu dans les articles précédents quelques manières assez classiques de planter les sous. L'épargne, les produits d'investissements et l'immobilier. Jusque-là, c'est assez connu - même si ça rapporte quand même nettement moins que ce qu'on croit d'habitude.

En passant petite remarque : c'est normal de croire qu'un compte d'épargne bien garni ou une maison luxueuse rapportent plein d'argent. En tout cas, c'est normal de le croire pour les gens qui n'ont justement pas de sous.

Les gens qui ont beaucoup d'argent sur leur compte et une maison luxueuse savent bien que ça n'arrive pas tout seul. Soit on en hérite (et là c'est du côté de la famille d'avant qu'il faut regarder), soit on gagne de quoi se les offrir.

C'est la bonne vieille question de savoir qui était là le premier : la poule ou l'oeuf ? Sauf que dans le cas des sous, c'est un faux problème. Parce que dans le cas des sous, il n'y aurait ni poule ni oeuf s'il n'y avait pas eu D'ABORD un poulailler.

Le compte en banque bien garni et la maison luxueuse ne rapportent pas forcément beaucoup d'argent. Ce sont juste les SIGNES extérieurs que celui qui les possède est RICHE. C'est-à-dire, que cette personne a eu les MOYENS d'obtenir ce compte en banque et cette maison luxueuse. Si on enlève la maison et le compte en banque à cette personne et qu'on lui laisse ses moyens, il sera très facile de regarnir le compte et de racheter une maison. Par contre, si on laisse la maison et le compte tranquilles et qu'on supprime les moyens de cette personne, le compte va se vider à toute vitesse et il faudra très rapidement vendre la maison.

Je prends un exemple.

Imaginons qu'on ait un copain facteur. Il ne gagne pas bien lourd, ce brave copain. Et pourtant il travaille très dur : dehors par tous les temps, toujours chargé comme un baudet, avec des clients parfois pas sympa du tout, des chiens hargneux qui lui bouffent les mollets, etc.

Mettons maintenant que ce copain facteur ait un don inné : il masse comme un Dieu. Normal vous me direz : le mal de dos, il sait ce que c'est. Alors un jour, au lieu de partir en vacances avec son petit pécule, il investit dans une table de massage d'occasion, il achète quelques bouquins sur le shiatsu et l'anatomie, des crèmes et un peu d'huiles essentielles. Il prend comme il se doit un registre d'indépendant complémentaire et hop ! Après ses dures journées il se met à faire une ou deux heures de massages aux amateurs. Le succès ne tarde pas : notre facteur a vraiment des doigts de fée. Le bouche-à-oreille fonctionne à la vitesse de l'éclair et au bout de quelques mois, les sous se mettent à rentrer à toute allure. C'est la success story : le facteur voit les sous pleuvoir sur son compte. Avec tout cet argent, il peut se lancer dans l'achat d'une très jolie villa et d'une voiture de collection qui fera baver tout le quartier.

Mais minute ! Que se passe-t-il si tout-à-coup l'État décide qu'il doit choisir entre le statut de salarié et celui d'indépendant ? Sans les massages (et surtout : sans les sous des massages), que deviennent la jolie villa et la voiture de collection ? Est-ce avec sa petite paie que le facteur pourra les garder ? Bien sûr que non...

Par contre, si demain il rencontre la factrice de ses rêves et qu'il faut déménager à l'autre bout du pays pour la rejoindre ? Pas de problème : il emporte avec lui ses doigts de fée et son expérience des massages et il refait sa success story dans une nouvelle ville.

Vous voyez le topo : les vrais moyens du facteur ce ne sont ni la villa ni la voiture de collection. Ses moyens, ce qui le rend riche, ce sont ses doigts de fée.

C'est ici qu'on en arrive à la quatrième manière de planter ses sous : à l'école Je vous vois prêts à couiner : « A l'école ?! Comment ça, à l'école ??? »  C'est pourtant très simple : ce n'est pas en stagnant dans son jus qu'on avance.

Bien sûr, je ne parle pas d'école primaire (sauf dans certains cas extrêmes, il n'est pas nécessaire d'y retourner ). Je parle de l'école en général : par exemple de l'université, pour les gens qui y ont accès. Mais aussi des cours du soir ou des formations plus courtes. Ou même, de l'école où on recommence tout à zéro, en profitant des aides de l'État pour les chômeurs qui veulent changer de carrière. En Belgique, quand on parle de gens qui travaillent et qui veulent retourner à l'école, on appelle ça la « formation continu(é)e ».

En fait, « retourner à l'école » doit être pris dans un sens très général. « Retourner à l'école », ça veut dire qu'on ne doit jamais arrêter d'apprendre. Vous allez vous demander : « Mais quel rapport avec le fait de gagner des sous ?! »

Effectivement, retourner à l'université ou suivre une formation, ça coûte de l'argent. Et s'il faut travailler à mi-temps (ou même carrément arrêter de travailler) pour pouvoir le faire, ça coûte   définitivement BEAUCOUP DE SOUS ! Pourtant, dans la plupart des cas, y a pas photo : les plus instruits sont toujours les plus riches (et je ne parle pas forcément de diplôme en parlant d'instruction).

Mais au fond, retourner à l'école, combien ça coûte ?

En fait, ça dépend. Il existe des aides pour les gens qui prennent la décision de se former alors qu'ils travaillent déjà. C'est au FOREM (en Wallonie) ou chez ACTIRIS (à Bruxelles), qu'on trouve une partie de l'info sur les formations continues et les aides disponibles. Le montant de ces aides varie fortement en fonction du secteur et du nombre d'années d'expérience depuis qu'on a quitté l'école.

Dans certaines entreprises, le développement de carrière fait partie des meubles. Le travailleur peut demander à changer de secteur ou de poste et suivre une formation en interne. En général, c'est l'entreprise qui paie. Il faut discuter du projet avec le service des Ressources Humaines.

Mais on peut aussi se dire qu'on veut tout faire tout seul et s'offrir le luxe de passer de « facteur qui distribue le courrier » à « facteur qui construit des orgues » . À ce moment-là il faut faire le budget et les démarches soi-même pour que le projet se réalise. En passant par la case école, bien entendu. Réparer et construire des orgues, ça ne s'improvise pas...

Dans tous les cas, les coûts se répartissent comme suit :

- Prix de la formation (inscription, achat de livres ou de matériel, frais de déplacement et ou de séjour, etc.)
- Valeur du temps consacré à la formation (manque à gagner si on passe à un travail à temps partiel, différence entre l'indemnité de formation et le salaire réel, etc.)
- Valeur de l'effort nécessaire pour réussir (week-ends passés à étudier, loisirs qu'on va sacrifier, etc.)

Une fois qu'on a établi le budget de ce retour à l'école, il faut estimer combien ça va rapporter quand on aura mené le projet de formation à bien. Parce que, hein !, si on retourne à l'école c'est pas pour rater non plus ! Faut pas pousser.

Parfois, c'est très facile. Dans l'administration, les salaires sont calculés sur base de barèmes fixes. On sait qu'avec tel diplôme on gagnera autant. Il est très simple de calculer la différence entre le barème x et le barème y.

Parfois, c'est moins évident. Dans le privé, il n'y a pas que le diplôme qui compte. L'expérience et la personne comptent aussi beaucoup. Les hommes et les femmes ne gagnent pas toujours la même chose (même si ce n'est pas légal, c'est toujours comme ça dans beaucoup d'entreprises ).

Parfois, c'est carrément impossible et on peut juste se baser sur des « estimations raisonnables ». Exemple : on est maître-nageur à la piscine communale. On est donc dans le cas d'un emploi administratif avec barème fixe. Mettons qu'on veut devenir danseur Chippendale sous statut d'indépendant. Ça va être très difficile de savoir à l'avance combien on gagnera de plus (ou de moins) une fois qu'on aura changé de métier. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il faudra prendre des cours de danse, de fitness et de maquillage et que ça va coûter une véritable fortune.

Et pour terminer parfois ça ne se compte pas qu'en sous. On peut très bien décider de devenir facteur d'orgues parce qu'on étouffe en tant que facteur pour le courrier et qu'on ne vit que pour la musique ancienne depuis qu'on est tout petit. Ce n'est donc pas qu'une question de sous : c'est tout simplement une question de bonheur.

Il faut tout prendre en compte : ce que ça va coûter, ce que ça va rapporter et quelle(s) amélioration(s) on va en retirer pour soi.

Prenons un exemple simple, celui d'une jeune femme employée dans l'administration.

Quand elle est embauchée, cette jeune femme de 20 ans a un diplôme de secrétaire de direction. Elle a donc le niveau de bachelière (3 ans d'enseignement supérieur de type court). Le barème x prévoit que son salaire annuel en début de carrière sera de 16.188 €. Ça lui fait à peu près 1.220 € par mois. On est d'accord, c'est pas bien lourd.

Quelques années passent et le salaire se hisse péniblement aux niveaux supérieurs. À 27 ans, la jeune femme en est à 1.360 € par mois (soit une augmentation de 140 € en 7 ans). C'est à ce moment-là qu'elle se rend compte que sa collègue fraîchement embauchée - et qui fait le même boulot qu'elle - gagne dans les 1.800 € ! Injuste ? Pas du tout : la collègue en question a un Master en Sciences de la Population et du Développement. Elle est donc payée suivant un barème différent. Oui mais hé ho ! Ça lui fait quand même dans les 30 % de salaire en plus, à la nouvelle collègue !  Le calcul est vite fait : au bout du mois, la collègue aura 1.800 € - 1.360 €440 € de plus sur son compte. Au bout d'un an ? 440 € fois 12 mois5.280 € de différence !

Combien faudrait-il d'années à la jeune femme secrétaire de direction pour gagner 5.280 € de plus par an, en gardant son barème actuel ? C'est très simple : 5.280 € de différence annuelle divisés par 20 € d'augmentation annuelle (140 € en 7 ans) = 264... ans !

La conclusion ne tarde pas dans la petite tête de la gentille secrétaire de direction. Elle prend un crédit-temps et va s'inscrire dans un Master en Travail Social à horaire décalé (cours du soir). Elle sait que ça lui prendra 3 ans avant d'obtenir le diplôme. Et qu'il faudra encore un an pour que le barème soit adapté en conséquence. Mais au final, entre 4 ans et 264 ans, y a pas photo ! Ça fait quand même 260 ans de gagnés !

Surtout qu'avec son nouveau diplôme, il n'est pas dit que la gentille secrétaire va rester dans son petit boulot administratif. Peut-être qu'elle va trouver un bien meilleur job, beaucoup mieux payé et nettement plus passionnant.

Ce qu'il y a de bien, quand on se donne les moyens d'avancer, c'est qu'on ne peut jamais prévoir à l'avance les belles surprises qu'on se prépare...

Et puisqu'on parle de belles surprises et de moyens d'avancer, pourquoi ne pas envisager une cinquième façon de planter ses sous ? Tant qu'à apprendre, pourquoi pas entreprendre ?...

Wonder Lisette.

Publié dans Gérer son budget

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P
<br /> tes articles sont très interessants je reste pour le suivant !!!!!<br /> entreprendre ; j'ai hâte de lire ce cinquième (j'me suis pas trompé!!?) article :-)<br /> <br /> <br />
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W
<br /> Coucou petite soeur,<br /> <br /> Le temps de le mettre en forme et hop ! Au four (heu, j'veux dire, au blog )<br /> <br /> A tout de suite,<br /> <br /> Wonder Lisette<br /> <br /> <br />